Éric Plamondon

Des jeux qui font battre le cœur à ceux qui l’arrêtent sec, on suit un enfant devenant adolescent dans la petite ville de Donnacona. À Montréal, un jeune homme (peut-être le même) vit sa première histoire d’amour aussi fulgurante que compliquée. Sur les rives de la Ristigouche, un homme entre deux âges mélange ses souvenirs à ceux de sa mère en fin de vie et, à son insu, à ceux de ses ancêtres. Un recueil, trois nouvelles. Un auteur surtout, que l’on retrouve avec bonheur dans toute son éloquence tranquille, sa formule juste, sa désarmante simplicité. Sans avoir la force de ses autres ouvrages, Donnacona se prend comme la petite cuvée d’un grand cru : on n’en donne pas à la visite, mais on s’en délecte à la petite semaine, dans l’intimité.

Plus de trois ans après nous avoir donné Ristigouche, courte fable qui amorçait déjà un changement dans la teneur de l’écriture de celui qui a cassé la baraque avec les romans digressifs de sa trilogie 1984, Plamondon poursuit sa conquête de la fiction avec ce roman grave porté par un certain Yves Leclerc, garde-chasse démissionnaire aux prises avec la détresse des uns et les malversations des autres. S’appuyant sur la réalité historique de la « guerre du saumon », une crise politique préfigurant celle d’Oka, le roman dévie bientôt de cette rampe de lancement pour plonger plus insidieusement au cœur du malaise surplombant la monstruosité des hommes, le tout sur fond de meurtres, d’enlèvement et de séquestration. Une dure leçon d’inhumanité.